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 BG Julian

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Julian

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MessageSujet: BG Julian   BG Julian Icon_minitimeDim 6 Mai - 13:05

Julian Aubegarde: Noble né en 1294, cadet de la famille,ancien évêque et guérisseur de Dwayna. Suite à une malédiction qui fait de lui un être de magie noire il quitte ses responsabilités pour devenir pélerin sur les routes du continent. Mais désormais la guerre gronde, et la Kryte aura sans doute besoin de ses talents, aussi ténébreux puissent-ils être.


La pluie tombait en continue depuis plusieurs jours dans cette région au nord de Kryte. Ici une forêt couvrait l'essentiel du relief valloné. Néamoins il y avait peu de gens pour profiter du paysage, à l'exeption de la poignée de marchand qui longeait la riviére pour aller chercher au nord ce qui faisait défaut au sud et engranger quelques maigres bénéfices. A l'exeption aussi des meutes errantes de hors-la-loi que les Séraphins ne parvenaient plus à contenir. Julian faisait partit de l'une d'elle. Ils n'avaient pas de nom et étaient trop peu nombreux pour penser en avoir un. En fait ils étaient trois, lui, ancien tâneur endetté par le jeu, Scratch une Charr albinos qui avait eu la mauvaise idée  de se compromettre avec la légion de feu et Beril voleur par essence puisque il était né orphelin. Ils avaient été plus, mais l'hiver dernier la maladie avait emportée quatres des leurs. Depuis, devenu trop peu nombreux pour s'en prendre à des caravanes, ils vivotaient en chassant et en attaquant les voyageurs isolés. C'est d'ailleurs l'un d'eux qu'ils surveillaient furtivement depuis la tombée de la nuit. Avec les solitaires on attendait généralement le zénith de l'ombre, le moment où la forêt appartenait pleinement à ses démons, à eux. De jour certain s'enfuyaient et trouvaient même parfois main forte dans une compagnie de garde en patrouille. La nuit, malheurs aux pauvres héres qui n'avaient trouvés ni camps, ni auberge, ni cachette pour se mettre à l'abri. Julian ne s'encombrait pas de remord, entre lui et les loups il était persuadé que ses victimes préféraient au moins nourrir un de leurs semblable plutôt qu'un animal.

Scratch éternua bruyament, le bandit lui jetta un regard noir. Ils ne manquaient plus qu'ils se fassent repérer, surtout qu'une bande de cavalier les avaient dépassé à peine un quart d'heure plutôt. Quand on joue si prés de la mort, on ne lésine pas sur la sécurité. Par chance, le voyageur ne semblait pas avoir entendu quoi que se soit. Il faut dire qu'il chantait et que sa grande capuche blanche résonnant de milliers de goutte d'eau ne devait pas l'aider.
Béril pesta à voix basse;

"Un pélerin, c'est jamais riche un pélerin.
-Il a une bourse à sa ceinture, je te parie ta part qu'elle n'est pas vide.
-Chut !"

   Le feu crépité prés de l'homme en blanc, assit contre un chêne celui sifflotait, la pluie ne semblait pas l'incommoder outre mesure, il avait sûrement du s'y faire depuis le temps. Son bagage reposait prés de lui, mais il n'en avait sortit aucun bien, aucune nourriture. A croire qu'il n'en avait plus. Julian grommela à cette idée, il avait trop faim pour sauter un repas de plus. Si ce n'était pas du boeuf, ce serait de l'homme. Son ventre grogna de plaisir à l'idée d'une vraie pitance.
Faisant signe à ses camarades il se décida finalement à passer à l'action.
Sortant des fourées hors de vu de sa proie il se composa un visage sympathique et fatigué, preuve que le poker est un jeu fort utile. Le plan était simple, distraire sa victime le temps que ses amis prennent position. Un coup d'arbaléte de Scratch tiré à moins de dix métres de distance ça vous décapité même en vous touchant la jambe. Et si il y survivait, Béril, placé juste derriére lui se chargerait de le terminer.
Julian n'avait pas d'arme sur lui en dehors d'une petite dague. Sa lame l'attendait dans leur grotte faute de donner suffisament confiance à ses interlocuteurs et la pluie empêchait une utilisation convenable des pistolets.

"Salut l'ami, commença-t-il. Aurais-tu une place prés de ton feu pour un homme fatigué ?"

Le pélerin releva doucement la tête et fit signe à son hôte inattendu de s'assoir.

Julian frémit légérement et s'exécuta. Il y avait quelque chose de trop calme, il n'avait pas survécut cinq ans dans les bois sans avoir le "flair" des professionels de son métier. Il aurait voulu interompre l'opération, mais c'était déjà trop tard. Il devina l'ombre de Scratch s'approcher furtivement par la droite.

"Vous ne mangez pas ? Je suis fourbu moi. Et ma maudite femme m'a à peine donner de quoi survivre à cette traversée. On raconte que les routes sont pleines de brigand, moi je veux juste atteindre la mer et pêcher un peu. De quoi me faire assez d'argent pour nourrir ma famille cet hiver."

L'homme assit devant lui ne disait rien, il le regardait seulement parler un air bienheureux sur la figure. L'estomac de l'assassin gémit de nouveau. Le pèlerin eu un demi-sourire puis il sortit de sous sa robe une petite gourde brune qu'il lança à l'affamé. De l'alcool, du vrai, du bon. Le visage du hors-la-loi s'éclaira lorsque il porta la gourde à ses lèvres, de ça aussi il en révait depuis un moment. Rassasié il posa l'objet en cuir au sol et jetta un regard de biais au sac pour tenter de deviner quel genre de mets pouvaient bien s'y trouver.

"Pour ça l'ami, les Dieux te remercient.
-C'est tout à leur honneur voyageur inconnu. La voix était à la foi rassurante et douce, bien qu'il en émanait aussi une certaine tension.
-Je t'en prie l'ami, appelle moi Julian.
-Julian ? C'est amusant cela, nous avons le même nom."

Le carreau d'arbaléte traversa l'homme et le cloua au chêne. Le brigand n'y tenant plus se rua vers la gibeciére du pélerin défunt. Il l'ouvrit d'un coup sec. De la viande, des raisins, une orange, n'importe quoi de comestible ferait l'affaire.

Scratch sortit de l'ombre son arbaléte rangée dans son dos. Trop facile, la guerre contre les ascalonniens lui manquait presque, au moins ça c'était de vrais ennemis. Soudain Julian hurla. Elle se rua vers lui. Un monstre difforme avait emergé du sac et s'était agrippé au bras du tueur à l'aide d'immenses appendices. Elle n'avait jamais vu ça, à moins que...si. Elle posa la main sur la hache qui battait contre son flanc.

"Magicien nécromant, hurla-t-elle en dégainant."

Le pélerin ouvrit les yeux. Ses pupilles dilatés pulsaient d'énergie noire. Il se releva et fit un pas en avant. Son corps traversa le carreau d'arbaléte comme si ce dernier n'existait pas. Ou peut être était ce l'inverse songea l'ancienne militaire. La regardant le sorcier éclata de rire avant d'esquiver d'un bond l'acier de sa lame. L'ancien taneur lui se débattait comme un beau diable pour tenter de repousser la chose, d'attraper sa dague, mais rien n'y faisait. Les trois tentacules du monstre se refermaient sur lui l'immobilisant chaque seconde un peu plus avec une force inhumaine.

Le pèlerin savait se battre, ou au moins se défendre. Il esquiva encore une série d'attaque de la vétérante de la légion de fer. Il devait pourtant être mort, et malgré tout il ne semblait pas se soucier de sa blessure. Elle tenta alors une feinte, faisant mine de reculer elle mit toute sa force dans sa prochaine attaque. Elle vit sa hâche foncer vers l'homme, lui traverser le corps et... Non ! Il avait déjà bougé, à moins qu'il n'ai jamais été là. Une main agripa son visage et elle aperçue à la lueur du pouvoir qu'il déchainé la gueule ravi de son terrifiant adversaire. Il dévora sa vie sans sourciller. Et lorsque il la lâcha, elle n'était plus qu'un amas de peau et d'os en putrefaction avançé.

L'immortel, sa tunique taché de sang se dirigea vers le bandit désormais à terre, incapable de bouger tant la monstruosité attaché à lui le serrait puissament. Ils se dévisagérent un moment la haine dans les yeux.

"Tu attends peut être ton autre compagnon ?"

Le magicien leva la tête pour diriger son regard dans le fourée proche où Béril était censé être embusqué. Quelque chose en surgit, mais ce n'était pas l'orphelin, ce n'était même pas humain. Cela ressemblait vaguement à un scorpion, un scorpion sans carapace fait de chair humaine. Entre les deux appendices du mort-vivant il y avait le crâne du bandit. Perforé de toute part on ne voyait clairement que ses yeux dans lesquels se lisait une indicible terreur.

"On dirait qu'il n'a pas eu de chance. Une pourriture tué par un pourrissant c'est de toute façon dans le cour des choses."

Le nécromant récupéra son sac abandonné au pied du chêne et en sortit deux flacons de verre. Puis il retourna prés du survivant du petit groupe qui le regardait suppliant une grâce, ou un geste de pitié. Le pélerin prononça une derniére priére pour l'âme du tueur avant de sortir un couteau long et fin de sous sa bure. La nécromancie pour certain de ses aspects devait être pratiquée à partir d'individu vivant, enfin tout au moins de bouts de ses individus encore vivant. Hélas, le mage noir ne connaissait aucun sortilége de sommeil.


****
Un peut plus au sud du lieux précédament cité et une centaine de kilométres à la nage au nord du Promontoire divin. Cinq jours plus tard, toujours sous la pluie.

Le manoir fortifié se nichait au sommet d'une petite colline, à ses pieds dormaient un village paisible mais dont les fortifications récentes marquaient les retours des raids centauréens sur la région. A vrai dire, un voyageur non avertit aurait trouvé les lieux maussades. En effet en plus de la mort de la douce Gerfault femme du baron, sa fille cadette était tombé malade. Certain disait même qu'elle était maudite. Les rumeurs provenaient des serviteurs qui disaient avoir vu mademoiselle se transformer en monstre et tenter de manger monseigneur. Toutefois si le village était morose il était loin d'être prêt à en croire pour autant tout les racontars de vipéres.

Salma était l'une des deux filles du seigneur des lieux; le baron d'Oxbürg. En cette nuit comme en tant d'autre depuis le début de la maladie de sa soeur elle ne parvenait pas à trouver le sommeil. Penchée sur son bureau elle terminait de lire un ouvrage portant sur le systéme politique de l'Arche du Lion. Elle aurait bientôt 18 ans et espérait encore convaincre son pére de la laisser servir la reine quelques années, plutôt que de la marier de suite à un illustre inconnu. Ceci même si elle se rendait compte que le baron se faisait déjà vieux et que les événements avaient affaiblit cet homme autrefois inébranlable. Elle savait aussi que son pére aurait préféré laisser son fief à un homme fusse-t-il seulement son gendre. Mais elle n'arrivait pas à être de cet avis et se voyait parfaitement bien en tant qu'administratrice du domaine, au moins jusqu'à la majorité de Glenn son trés jeune frére. En effet, sa mére étant morte c'était normalement à elle que reviendrait cette charge.

La lourde porte en bois du perron résonna soudainement de grands coups. Salma releva la tête, qui pouvait donc venir frapper à une heure aussi tardive ? Une messager de la reine ? Une nouvelle horreurs des dragons ? S'enroulant dans une cape elle sortit poussée par la curiosité.
Trevor était le domestique des Oxbürg depuis dix ans, il avait succédé à son pére qui avait lui même succédé à son propre pére. Plutôt que comme domestique il préférait se considérer comme un homme de confiance, une tâche bien plus noble. Mais qui lui imposait quand même de se lever à des horaires pénibles pour s'enquérir du genre d'abrutit qui pouvait frapper à la porte d'une demeure la mi-nuit passée.

"Vous êtes ?
-Julian, fils de Sylvain, marquis d'Aubegarde. Je viens guérir Violaine."

D'une révérence appliqué Trevor fit entrer le fils de noble et l'installa dans le petit salon, lui allumant gracieusement un chandellier.

Il l'avait déjà croisé, trois semaines plutôt. Le jeune homme avait plongé mademoiselle dans une profonde léthargie avant de partir chercher un "reméde" à son mal. A vrai dire dans la baronnie personne n'attendait son retour, comme quoi on manquait d'optimisme. Remontant chercher le baron il croisa la fille ainé de celui ci dans l'escalier.

"Demoiselle Selma, salua-t-il d'une révérence ne perdant pas, même au milieu de la nuit, sa légendaire politesse.
-Qui est-ce en bas ?
-Julian, le fils du marquis d'Aubegarde. Je l'ai installé dans le petit salon. Je vais voir si monseigneur peut le recevoir.
-A cette heure ?
-Monseigneur m'avait dit à toute heure."

Se courbant encore il continua son chemin soupirant du manque de sommeil de cette demeure. Fallait-il donc qu'en plus d'être maudit, on perde les lois commune de l'étiquette ?
La jeune femme n'avait pu qu'entrevoir le fils du marquis lors de sa derniére visite. Elle décida donc de profiter de cette soirée pour le voir de plus prés et tant pis pour les régles de bonne conduite. Aprés tout par les nuits d'orage et au coeur des ténébres s'apliquaient-t-elles encore ?

La curieuse ouvrit doucement la porte du salon. L'homme se tenait assit sur un fauteuil, les yeux clos. Une bure blanche détrempé couvrait son corps mais il ne semblait pas avoir froid. La noble toussota pour attirer l'attention. Le pélerin ouvrit un oeil et dévisagea dans l'obscurité l'agréable silouhette. De quoi faire un mari heureux, pour peut qu'il s'intérésse à la gent féminine.

"Vous êtes un homme d'église ? Interrogea-t-elle visiblement déçue.
-En effet, je suis un fidéle de dame Dwayna.
-Pourtant vous venez d'une famille de militaire non ? Votre pére a pris part à de nombreuse bataille auprés du mien. Il me l'a raconté."

Julian retroussa la lévre supérieur amusé.

"Mon frére est militaire, il n'y avait pas assez de place dans l'armée pour deux capitaine Aubegarde. Mais guerrier et guérrisseur ce sont des noms trés proche, plus que vous ne le croyez, n'en doutez pas."

Déterminée en cette soirée à ne pas être peureuse Selma alla s'assoir sur le sofa prés du religieux. Elle avait de long cheveux brun, les yeux bleus et une gorge à inspirer tout les poétes de la région.

"Vous ne voulez pas quelque chose de chaud ? Vous êtes trempés. Ce n'est plus un divan mais une baignoire.
-A vrai dire, je ne cracherais pas dessus, mais je crains que ce ne soit pas vôtre rôle gente demoiselle.
-A cette heure ci, moi, les convenances. En plus si elles vous intéréssez vous ne seriez pas là."

L'homme rit avant d'opiner et la femme partit en quête d'une couverture du côté de l'aile des domestiques. Peut aprés Trevor entra suivit du baron. Il n'était plus aussi beau que sa fille aînée, mais il avait du avoir de belles heures dans sa jeunesse. La cinquantaine passé il faisait dix ans de plus, dix ans de soucis qui lui avaient creusé les traits. Une barbe grise en friche courait jusqu'à son menton. Il portait une lourde cape d'hermine qui dissimulée mal une chemise de nuit rapiécée et un pantalon enfilé à la hâte. Il avait presque du courir à l'annonce de la nouvelle.

"C'est pour ma soeur que vous êtes là ? Demanda la jeune femme qui revenait déjà un fourrure d'ours entre les mains."

Elle s'arréta nette en voyant son pére. Cependant toujours battante elle se contenta de lui offrir un grand sourire. Un éclair déchira les nuages.

"Il est temps que je me soucie de ce qui se passe ici non ?"

La baron réprima un grognement, depuis la mort de sa femme il ne savait plus quoi faire avec ses filles. A dire vrai elles avaient hérité de son caractére en acier trempé et ce n'était pas pour lui déplaire, du moins au fond de lui. Mais aussi étonnant que ne soit ce Julian il n'en demeurait pas moins un homme et un noble, elle n'avait rien à faire la nuit avec lui. Balançant entre la colére et l'oubli il se résigna à choisir la seconde solution. Surtout devant un individu qu'il ne connaissait pas mais à qui son nom devait au moins donner quelques appuis à la cour. Ce n'était pas le moment de faire encore mal voir la famille. Il se tourna donc vers le voyageur annotant dans un coin de sa mémoire de punir sa fille plus tard.

"Vous avez trouvé le reméde dont vous parliez ?
-Sans cela je serais encore en train de le chercher. Menez moi à elle."

Le pélerin emboita le pas à Trevor lorsque il sentit un poid alourdir ses épaules. Une malédiction ! Une attaque ! La couverture, se rappela-t-il en relachant l'énergie qui s'ammassait déjà en lui. D'un sourire crispé il remercia Selma qui ne sachant pas qu'elle venait d'échapper à une mort terrible lui rendit chaleureusement.

Violaine la seconde fille du baron se tenait immobile au centre de son lit. Elle avait une douzaine d'année et les cheveux bruns de ceux de sa famille. Sa soeur hésita un instant en franchissant le seuil. La voir ainsi la mettait toujours mal à l'aise. Elle essayait perpétuellement de conserver une distance par rapport à l'état de sa cadette, une attitude digne de la famille qu'elle représentait, mais chaque fois qu'elle la voyait elle devait lutter de toutes ses forces pour conserver le masque de son imperturbabilité. Et encore, cette rigidité, ce silence de mort c'était sans doute l'état le moins pire dans lequelle elle l'ai vu depuis deux mois. Avant que le mage ne la mette dans cet état elle avait tenter de tuer le baron et de se tuer elle même. Elle avait presque réussit les deux, et il s'en était fallu que de peu que Selma devienne régente plus rapidement qu'elle ne le souhaitait. La fatigue lui fit verser une larme. Julian lui carressa le dos en signe de réconfort puis alla examiner la petite.

"Elle n'a pas bougé depuis que vous l'avez mise dans cet état catatonique. En vérité nous avons même un instant pensé que vous l'aviez tué. Mais le médecin a confirmé que son coeur battait toujours...
-Sortez, l'interrompit le servant de Dwayna.
-Je..."

Son interlocuteur leva la main, aucune réclamation n'était pensable.

"Fermez la porte à double tour et n'entrez sous aucun pretexte avant que je ne vous y autorise. Si demain soir vous n'avez pas de nouvelle, mettez le feu au manoir."

Seul être conscient de la piéce Julian retira sa bure. Il ne tenait pas à en racheter une sous peu. Sortant de son sac deux potions rougâtres il en bu une avant de faire avaler l'autre à Violaine toujours inconsciente. Il lui avait fallu une journée entiére pour connaître ce qui rongeait ainsi la petite fille, mais il avait finit par le découvrir. La corruption l'avait empoisonnée. Il ne savait ni qui ni comment, mais il allait mettre fin à tout cela.
Levant une main il fit un signe au dessus de la poitrine de la malade et prononça quelques syllable sans signification. Aussitôt celle ci ouvrit les yeux et se mit à hurler d'un cri strident qui n'avait plus rien d'humain. Les fenêtres de la piéce et le miroir explosérent sous le choc. Le guérisseur grimaça de douleur  l'empoisonnement avait parcourut plus de chemin qu'il ne le croyait, il allait devoir agir vite. Il plongea alors sans hésiter sa main dans la poitrine de Violaine afin d'atteindre son coeur. Remonter à la racine et dévorer le mal, combatre l'ennemi avec ses propres armes. Tel était le credo du mage noir. La vue de Julian se brouilla, la potion faisait son effet, il embrassa la petite. Touchant son âme par deux fois il invoqua l'esprit de la malade.

L'endroit n'était qu'un immense brouillard rouge ou le mot distance ne pouvait plus s'appliquer. D'ailleurs si on ne se tenait pas dessus on aurait aisément confondu le sol avec l'horizon. Le mal était déjà là, sous la forme d'une immense bête noire. Elle était prête à dévorer l'enfant qu'elle tenait dans une de ses énormes pinces. Celui ci ne semblait d'ailleurs pas plus terrifié que cela à cette idée et c'est en pleurs mais serein qu'il regardait la bouche du monstre. L'ombre avait du lui sussurer bien du désespoir pour la pousser à se laisser dévorer.

"Lâche la !"

A vraie dire il ne parlait pas tant au monstre qu'à Violaine dont il voulait l'attention. Le nécromancien bondit et sortant de son esprit une lame acérée trancha la pince du monstre délivrant du même coup la captive. L'abomination percluse d'une douleur qu'elle connaissait bien recula. Puis sa pince commença à repousser. Le combatant saisit la fillette par l'épaule et lui colla un baffe, technique un peu abrupte mais qu'il savait efficace. Elle sembla alors enfin s'apercevoir de sa présence.

"Violaine, je suis Julian, je viens t'aider.
-Vous êtes qui vous ?
-Un ami."

Lançant un traît d'énérgie sur le monstre il attira son attention pour éviter que la gamine ne soit sa cible.

"Où sommes nous ?
-A la frontiére de nos esprits et de nos corps."

Le monstre envoya promener le mage d'un coup puissant. La douleur était bien réel et le nécromant sentit une de ses côtes se fêler. Ici pas de seconde forme pour vous sauver la mise.

"C'est un peu compliqué pour toi, continua-t-il en retournant à l'assaut. Mais cette chose, c'est ton ennemie. Elle nous dévorera si tu ne fais rien.
-Mais vous ne comprenez rien, répondit-elle, je veux qu'elle me dévore."

Celle-la le mage s'y attendait. Il s'attendait moins à ce qu'un appendice apparut-d-il-ne-savait-où traverse son épaule. Hurlant il contrattaqua forcant la bête noire à battre en retraite. Il n'avait plus beaucoup d'énergie, il fallait faire vite.

"Tu crois quoi ? Que ça va ramener ta mére ? Que c'est ce qu'elle aimerait, que c'est ce que souhaite ton pére, ta soeur et ton frére ?
-Comment, comment vous savez ça ?
-Parce que c'est ce que veux te faire croire ce monstre. Crois moi, je le connais bien."

Esquivant une pince et une volée de pointe le nécromant continua son explication donnant du sabre à chaque fin de phrase.

"C'est pas ta mére ! C'est pas ton amie ! C'est une saloperie qui te ment ! Et il faut que tu m'aides à la crever !
-Pourquoi, pourquoi vous croirais-je ? Interrogea la gamine visiblement perturbée.
-Ecoute ton coeur."

Le dernier assaut l'avait épuisé. Souflant comme un boeuf Julian recula tandis que le mal lui laçerait la jambe. Violaine regardait ce monstre qui lui avait tant promis, qui l'avait soutenu, qu'elle avait vu grandir mais qui aujourd'hui apparraîssait sous son vrai jour. Comme si elle prenait conscience pour la premiére foi de tout le vice que contenait cette création. De toute la souffrance qu'il lui avait donné, caché sous des paroles de miel. Et en face il y avait lui, qui tenait front pour elle, qui l'encourageait....

"Hey, tu préféres défendre le chevalier ou la bestiole immonde ? C'est le moment de choisir, le chevalier il durera plus longtemps."

La derniére attaque avait traversé le ventre du nécromant qui cette foi ci l'avait clairement sentit. Il tomba à la renverse incapable de tenir sur ses jambes.
Au même moment Violaine se décida. Elle s'approcha du monstre et le toucha. Il frémit et gronda, mais ne bougea plus. La peur et la tristesse avait disparu des yeux de l'enfant. Elle lui murmura ces mots qu'elle seule connaissait et qui avait permis au mal de grandir. Elle lui murmura ses mots tandis que derriére elle se tenait son champion, son protecteur. Elle ne devait plus avoir peur, elle ne devait plus laisser le mal la dévorer. Car c'est ce qu'il était, le mal. Cet ancien ami qu'elle voyait désormais clairement n'en était pas un. Elle lui  souffla dessus comme on chasse un mauvais rêve; Il était partit.

Julian émergea dans la piéce froide le gout de son sang dans la bouche. Il retira promptement sa main du coeur de Violaine et avec elle une épine noire. Il hurla qu'on entre puis s'effondra, l'âme épuisée par la bataille.

****

    La brise était fraîche, l'orage était partit vers d'autres horizons.

"Avec de bon yeux on distingue même un bout de ciel bleu.
-Je crois que c'est surtout du à vôtre optimisme."

Selma se tourna vers l'homme et lui sourit. Ils étaient accoudés sur les crénaux de la tour sud du manoir. De là on tournait le dos au village mais on avait une vue magnifique sur la vallée et sa riviére qui serpentait vers la mer intérieur.

"Est ce que vous n'avez pas froid ? Je crois que vous êtes censé être convalescent ou quelque chose comme ça non ?
-C'est moi ou c'est vous le guérisseur ?"

La jeune fille rigola. Depuis quelques jours son monde était ensoleillé. Sa soeur guérissait doucement, reprenant chaque matin des couleurs. Et puis il y avait cet homme, la chaleur qu'il dégagait, sa prestance. Elle enlaça le buste de l'homme et posa sa tête contre son dos.

"Je vous aime."

Julian eut un petit sourire triste puis il pris d'une caresse la main gauche de la jeune femme et la remonta jusqu'a sa poitrine.

"Est ce que vous entendez mon coeur ?
-Un peu surprise la demoiselle répondit tout de même, je, euh, non.
-Moi j'entend le votre. Je suis maudit, d'une façon différente de votre soeur, mais l'origine est la même. Je crois que vous avez suffisament de gens maudit dans votre famille non ?"

Ecartant délicatement les bras de la jeune femme il quitta son étreinte et la laissa seule. Il y avait des blessures auquelle il ne pouvait rien.

Il se rendit au bureau d'Oxbürg qui lui assura avoir diminué comme convenu les impôts annuel du montant de la récompense. Le baron avait retrouvé dix ans et resplendissait plus que son armure. Il tenta de donner de l'or au pélerin et une de ses filles quand il refusa. Il rejeta tout de même l'offre. Il s'excusa briévement et dit qu'il devait reprendre sa route aujourd'hui même. Il y avait encore beaucoup à faire en d'autres lieux.

Derriére le manoir il y a un petit chemin qui engage vers la vallée. C'est celui ci qu'il emprunta, un baton à ses côtés, son havresac sur le dos et sa bure blanche comme toute protection. Au premier tournant il croisa Selma les yeux rougit. Elle l'embrassa sans mot dire et il la laissa faire.

"Vous savez, si vous changez d'avis. Puis les malédictions, je commence à connaître. Et même vous attendre, ça ne me dérange pas. Je resterais à la cour de la reine et nous nous verrions de temps à autre."

Il la sera contre elle et l'embrassa une derniére foi, mais il la laissa là. Elle ne gémit pas, ne s'accrocha pas à ses jambes, ne menaca pas d'appeller la garde et de crier au viol. Elle avait trop de classe pour ça.

"Et je n'ai pas peur de vous moi !"

Beaucoup trop de classe.

Chantonnant Julian disparut à l'horizon sans se retourner. Peut être un jour dans cinq ou dix ans, on verrait bien. En attendant, il avait faim. On lui avait parlé d'un tueur fou à une journée vers le sud. Il se lécha les babines à l'idée du festin qui l'attendait.


Dernière édition par Julian le Lun 7 Mai - 16:49, édité 3 fois
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